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Mais qui sont les gens pour nous empêcher de rêver ? Avec leur réalité préfabriquée et banale ! Pourquoi nous enlever le peu de choses qu’il nous reste pour combattre la pâleur du quotidien ? Et puis, de quel droit les autres osent s’emparer d’un truc aussi personnel que le rêve et la pensée pour les briser entre leurs doigts ? Juste parce qu’ils ne sont pas capables d’en faire autant. Car, c’est certain, rêver et fantasmer, ça demande une sacrée dose de courage. Et de maturité.

Il faut être bien droit sur ses deux jambes, avoir les deux pieds sur la terre ferme et le cœur accroché. De manière à pouvoir laisser son âme s’envoler, tout en amortissant la chute. Car on sait que le rêve et la réalité sont à des années-lumière l’un de l’autre. Pourtant, ils se complètent et ne peuvent exister l’un sans l’autre.

L’imagination, et tout ce qui se passe à l’intérieur, secrètement, au fin fond de la chair humaine, c’est un peu un sixième sens chez moi. Un besoin même. Je commence à m’épuiser dès lors que je n’ai plus le loisir d’imaginer avec ardeur ce qui se passerait, ce que je serais, ce que je ferais ou ce que je dirais dans telle ou telle circonstance. Oui, bien sûr que c’est perché ! À 80 % improbable ! Mais pas complètement inutile ni irréel.

Être privé de ses mouvements quand on est enfant, ça implique pas mal de moments d’ennui et de statisme. Il en faut des histoires palpitantes et des contes de fées pour tenir le coup. Parfois même, il faut s’imaginer en train de bouger, de jouer, de courir à droite à gauche pour avoir la sensation d’être actif, vivant. Dans mon cas, c’était plus facile d’attendre d’être dans mon lit, le soir, pour vibrer de la sensation de porter une robe de princesse et de courir à toute allure dans la cour avec mes copines imaginaires, plutôt que de me lancer vraiment et d’affronter la peur, le regard, les questions, voir même le rejet, dans la vraie journée.


Un réflexe qui ne m’a pas quitté… et que je ne regrette pas.

Mais dans ma vie de femme, ce sont surtout les fantasmes qui m’animent. Ces petites pensées obsédantes dont on voudrait se débarrasser, par convention, mais dont on ne peut faire abstraction, par instinct.

Oui, je vous vois venir : il y a évidemment une partie sexuelle dans le fantasme. Mais ce n’est pas que ça. C’est avant tout un révélateur de désir, d’envie, de sa propre nature et de ce que le corps, comme l’esprit, réclament.

Si des pensées surprenantes et des sensations étranges vous viennent lorsque vous regardez un homme, qu’il soit face à vous, à plusieurs mètres de distance ou derrière un écran, ce n’est pas pour rien. D’ailleurs, le corps réagit souvent très vite et bien avant le cerveau… Et il a toujours raison. Bien sûr, rien ne nous oblige à partager notre ressenti avec d’autres personnes. Si à ce moment-là vous êtes entourés de gens qui savent déchiffrer vos réactions et qui vous connaissent par cœur, le self-control est utile. Ça, c’est un autre article. Pour autant, il ne faut pas en avoir honte. Ce serait brider votre propre nature et rompre un lien de connexion précieux avec votre for intérieur.


Assommée par les phrases de ceux – et surtout celles – qui croient tout vous apprendre de leur vie soi-disant parfaite et de leur infinie sagesse, du genre « Concentre toi sur la réalité. Tu n’as plus l’âge de rêver ! Tout ça, c’est juste pour rigoler. Maintenant il faut être sérieux, il faut, il faut, il faut… », j’ai longtemps cru que j’étais faible de fantasmer.


De la façon dont je le faisais, je n’y voyais rien de malsain. Le risque d’être déçue étant valable pour tout le monde et violent seulement pour ceux qui n’ont jamais connu la dureté de la vie en face to face, je ne pensais pas mal faire. Au contraire, rêver d’autres choses, ça me permettait de ne pas me laisser enfermer dans les carcans de la vie, ni dans les standards qu’on voulait – qu’on veut toujours – m’attribuer.


« Alicia, tu seras triangle. C’est tout ce que tu peux faire dans le spectacle. »

Comment ça « c’est tout » ? Viens donc me voir un peu dans mes rêves, si je ne sais pas danser et faire de beaux entrechats par-ci par-là !…


Comment aurais-je pu être déçue par mes fantasmes, alors que la réalité qu’on me proposait n’avait rien d’inattendu de toute façon ? On trouvait toujours une petite place où me poser, et voilà, sans surprise, sans plus.


Les fantasmes sont une seconde nature, comme une existence parallèle dans un monde sans contraintes, barrières, ni limites. Et je ne veux pas être pessimiste – ce n’est pas mon genre –, mais je pense que plus ça va, plus il est recommandé de préserver ce petit monde parallèle qui nous satisfait tant.


L’imagination a exercé une certaine force sur moi et mon parcours. J’ai toujours su faire la différence entre ce qu’il serait possible d’essayer et l’improbable. Je ne suis pas bête ! Mais ça m’a aidé à rester concentrée sur ce que MOI je voulais, ce qui me faisait vraiment envie. À construire mon propre champ des possibles.


Et voilà qu’à l’âge adulte, on veut me faire croire que le fantasme est la bouée de sauvetage des ratés, des petites filles devenues vieilles, de la ménagère de plus de 50 ans, sans horizon et sans avenir ! Quelle connerie !


On devrait faire plus attention à ses fantasmes. À la façon dont ils nous parlent, aux différents moments où ils se présentent… Cela n’empêche pas de se construire dans le monde réel, mais le fantasme permet de le faire sous ses propres éclairages, avec sa personal touch ! Si on les écoutait plus, on éviterait souvent de se mettre dans des situations qui ne nous conviennent qu’à moitié. On ferait des choses qui nous passionnent, non pas parce que « c’est ce qu’il faut faire ».

C’est comme ça : je ne peux pas m’empêcher de mettre un peu de rêve et de surréalisme dans tout ce que je vis. Ça me fait du bien de retrouver dans le quotidien une référence à un film, une chanson, une légende, quelque chose qui m’a touchée. Sur le plan sexuel, je dirais même que c’est le fantasme qui a fondé ma personnalité, mes préférences, qui m’a ouvert l’esprit. Certes, le contraste avec la vraie vie est parfois saisissant. Mais au moins, ça m’a permis d’apprendre qui j’étais et ce qui pouvait potentiellement me plaire, avant d’être prise dans le cadre étroit de la réalité et des désirs de l’autre.

Mais d’où vient cette affreuse idéologie qui condamne le fantasme ? ! Alors que c’est sûrement la matière la plus brute qui émane de nous. C’est peut-être même dans le fantasme que se trouve la description parfaite du bonheur selon chacun. La sienne. Celle qu’on développe depuis sa plus tendre enfance. Celle qu’on espère secrètement.

Au fond, pourquoi se poser 1000 questions sur ce qu’on veut dans la vie ? Il suffit de voir comment notre corps et notre esprit réagissent à une occasion qui se présente. Ce qu’en disent nos fantasmes.

Je m'interdisais de fantasmer autrefois. J’ai cru les gens quand ils disaient que je me faisais du mal. À la place, j’ai essayé de me conformer puisqu’apparemment, ce qui comptait, c’était de franchir les étapes, d’avoir de l’expérience, de manière très terre-à-terre, très concrète. Preuve à l’appui, je devais m’épanouir et vivre pleinement dans ce monde. Le reste, ça n’avait pas d’importance. Je ressentais presque une injonction à me fondre dans la masse, que ça me plaise ou non.

Et c’est justement là l’erreur : se conformer.

Par exemple, je m’étais laissée persuader que pour être une femme sexuée et épanouie, si possible, il fallait passer à l’acte. De manière… pratique. J’avais beau être à l’aise sur le sujet, me sentir féminine, être indépendante, libre et adulte, une sorte de pression pesait sur moi. Des voix me disaient que tant que je n’étais pas capable de « faire avec », de laisser de côté toutes mes envies et absolument tout ce qui me faisait rêver, je ne serai jamais heureuse et épanouie, encore moins dans ma vie sexuelle. Alors quoi ? Je devais faire semblant d’aimer, faire semblant d’être excitée ? Pire, devais-je me forcer à jouer le jeu et être comme tout le monde, en appliquant les règles de notre génération, pour avoir le droit à la considération ? Pour me sentir satisfaite ?

Cela n’avait pas de sens pour moi. Je m’intéresse à beaucoup de choses et à des gens très différents, mais en aucun cas je ne peux « faire semblant » d’être charmée par quelqu’un, juste pour me donner une chance d’être comme tout le monde, juste parce qu’« il faut savoir ce que tu veux et descendre de ton petit nuage si tu veux une vie normale. »

J’en conviens : il y a des idéaux qui nous bloquent. Qu’il faut surmonter ou transformer avec un regard d’adulte, afin de ne pas toujours courir après un mirage. Mais c’est aussi ça, grandir : changer de regard sur les choses en restant soi-même.

Une bonne fois pour toutes, laissez-moi fantasmer !

Laissez-moi embrasser Bradley Cooper après son solo de guitare. Laissez-moi disparaître en mer sur un immense bateau avec Jamie Dornan. M’afficher au bras de Rufus Sewell dans une soirée mondaine. Prendre une cuite avec Marc Ruchmann. Dormir dans les bras de Tomer Sisley. Et faire un enfant avec mon ex (que j’utiliserai ensuite pour lui soutirer une pension alimentaire… !).

Laissez-moi vivre !

Ne me faites pas croire que vous arrivez toujours à vous contenter de la réalité pure et simple. Ne vous arrive-t-il jamais de rêver d’autre chose, de vous demander si vous pourriez obtenir exactement ce que vous voulez ?


Avant tout, je me demande si le cœur et l’esprit sont conçus pour être à 100 % cartésiens. Ce sont de petites boîtes qui tiennent à l’intérieur de notre corps, mais leur champ d’action est bien plus vaste. Bien au-delà de ce qu’on maîtrise et de ce qu’on connaît.

Grâce à mes fantasmes, j’ai appris énormément de moi et de la femme que j’étais. Les découvertes seront encore nombreuses, mais j’ai aussi apprivoisé mon corps et ma sexualité. Et, non sans empathie, j’en suis assez fière lorsque j’entends de plus en plus de femmes avouer qu’elles ont eues énormément de partenaires et d’aventures sexuelles, sans jamais apprendre à se connaître elles-mêmes… Moi, dans mes fantasmes, j’ai eu l’occasion de vivre un tas de choses et mon seul point de vigilance est de ne pas me renfermer. De ne pas intellectualiser les aléas de la vie.

J’ai appris que je pouvais craquer pour un homme de mon âge ou plus vieux que moi, jamais plus jeune, mais que je trouvais un (ré)confort auprès des hommes beaucoup plus âgés que moi. J’ai appris que je peux être très autonome, tout en ayant besoin de protection, d’une figure de maturité qui me stabilise. J’ai découvert que, paradoxalement à mon caractère un peu distant et longuement observateur, je pouvais craquer sur un détail. Il suffit d’une étincelle, parfois. J’ai aussi appris qu’on pouvait être attiré par quelqu’un, puis s’en lasser, pour finalement s’apercevoir qu’il reste le number one. Je sais désormais que si je n’ai jamais eu vraiment l’occasion de papillonner, c’est pour des milliers de raisons, notamment celle que ce n’est pas vraiment mon truc. Je suis une femme qui aime construire, partager, vivre intensément, sans promesse, mais avec sincérité.

Alors un petit conseil : la prochaine fois qu’un fantasme pointe le bout de son nez, ouvrez vos chakras, détendez votre esprit et laissez-le vous montrer ce qu’il sait de vous.

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